
Editorial…………………………………………………………………………………………………………………. 3
Etudes…………………………………………………………………………………………………………………… 5
Alexandre NGANDU LONJI SJ,
La collaboration de Moïse avec d’autres dans l’Exode :
Choix et / ou contrainte !…………………………………………………………………………………….. 5
Augustin SOME SJ,
Les larmes des opprimés. Oppression politique et corruption
chez Qohéleth : Une analyse de Qoh 3,16-17 ; 4,1-3 ; 8,2-4………………………. 47
Fidèle INGIYIMBERE SJ,
Reexamining the African Human Rights Regime and
its Challenges……………………………………………………………………………………………………. 75
Recensions………………………………………………………………………………………………………. 108
FRANÇOIS,
Lettre apostolique ‘J’ai désiré d’un grand désir’ sur la formation liturgique
du peuple de Dieu, Abidjan, Paulines, 2022, 48 pages……………………………… 108
Simone K. OUEDRAOGO RA,
Les Psaumes à portée de main, Hammanien fê, Abidjan,
Presses de l’ITCJ, 2023, 40 pages………………………………………… 109
Anne-Marie PELLETIER,
L’Église et le féminin, revisiter l’histoire pour servir l’Évangile,
Paris, Salvator, 2021, 176 pages…………………………………………… 110
Anne LÉCU,
Afin que vous donniez du fruit, Paris, Éditions du Cerf, 2022,
221 pages………………………………………………………………………….. 114
Joseph Loïc MBEN SJ,
A Gendered African Perspective on Christian Social Ethics.
Empowering Working Women in Cameroon, Lanham-Boulder-New
York-London, Lexington Books-Fortress Academic,
2021, 283 Pages…………………………………………………………………. 116
Les contributions de ce numéro gravitent autour du monde politique. Deux nous viennent de la Bible et la dernière nous vient de la science politique. Le premier article, « La collaboration de Moïse avec d’autres dans l’Exode : Choix et/ou contrainte ! » est d’Alexandre Ngandu Lonji SJ. Cet article détaille les différentes instances où Moïse, le leader du peuple hébreu, a dû collaborer avec Aaron, Josué et Hur pour mener à bien la mission qui lui a été confiée par Dieu. Au moyen d’une exégèse rigoureuse consistant en une herméneutique des textes dans leur structure présente, Ngandu nous montre, dans quatre passages du livre de l’Exode, le contexte de la collaboration de Moïse avec un autre et les implications de la collaboration. On constate que souvent l’initiative de la collaboration vient des autres. En définitive, la collaboration connaît plus de succès que d’échecs, et peut inspirer les leaders d’aujourd’hui. La deuxième contribution, « les larmes des opprimés. Oppression politique et corruption chez Qohéleth », nous vient d’Augustin Some SJ. L’oppression et la corruption étant les seuls vices sociaux qui apparaissent dans le livre de Qohéleth, Some, au moyen d’une analyse exégétique de trois passages dans lesquels ces termes apparaissent, les met en rapport avec la conception de l’autorité dans le livre. Cela lui permet de dégager la perception que Qohéleth a du pouvoir, mais aussi de quelle façon, cela peut inspirer l’attitude face à de tels pouvoirs autocratiques. Si l’oppression des faibles par les puissants est la pire des choses, les premiers sont appelés à endurer l’oppression. 4 Le troisième article, « Reexamining the African Human Rights Regime and its Challenges », est de Fidèle Ingiyimbere SJ. Il part de la critique adressée au régime international des droits humains – à savoir, son caractère trop occidental – et s’interroge dans quelle mesure le régime continental africain est inspiré des valeurs locales. Partant de la conception de la personne comme être relationnel en Afrique, l’auteur présente le régime contemporain des droits humains en Afrique qui repose essentiellement sur la Charte de Banjul. Il termine en dégageant les tensions existant entre la conception communautaire africaine et le régime des droits internationaux, et comment les deux visions peuvent s’enrichir mutuellement. Dans l’ensemble, chacune des études nous montre une facette du monde politique. Les contributions de Ngandu et Some, qui peuvent être mises en contraste, nous montrent l’image d’un pouvoir bénéfique exercé de manière collégiale d’une part, et un pouvoir autocratique et oppressif d’autre part. D’une part, l’intérêt commun est recherché et préservé, d’autre part, la situation profite à une poignée et la vaste majorité est écrasée par l’oppression. Chez Ingiyimbere, ce sont les fondations mêmes du pouvoir politique et de la vie en société qui sont en jeu. Mais dans tout cela, ce qui importe, c’est le bien des personnes concrètes. Qu’on le décline sous une vision communautaire ou sous le langage des droits humains, en dernière analyse, le bien des personnes devient le critère ultime. Que ce soit le type d’autorité ou le régime des droits humains, les deux réalités impactent la vie des citoyens ordinaires…
RESUME DES DIFFERENTS ARTICLES DU NUMERO
La collaboration de Moïse avec d’autres dans l’Exode : Choix et / ou contrainte1 !
Pour l’exercice de sa mission, Moïse a été contraint de collaborer avec son frère Aaron, doué pour la parole, afin de suppléer à ses limites dans la communication orale. Quand Amaleq a attaqué Israël, il a choisi Josué, pour diriger les opérations militaires, tandis qu’il se trouvait sur la colline pour tenir le bâton avec ses mains levées alternativement. Comme ses mains s’affaiblissaient, il a accepté l’initiative d’Aaron et d’Hur de les soutenir et Israël a triomphé sur Amaleq. Par ailleurs, il a accepté la proposition de son beau-père Jéthro de déléguer le pouvoir de juger à ses subalternes pour les cas non compliqués, afin d’éviter le cumul des fonctions. En prévision de son absence, il a été contraint de désigner Aaron et Hur, pour gérer les affaires courantes. Ici, la collaboration n’a pas bien fonctionné, à cause de la fabrication du veau en métal fondu par Aaron, sous la pression du peuple
Reexamining the African Human Rights Regime and its Challenges
Le régime africain des droits humains visait à corriger le soi-disant parti pris libéral du système international actuel des droits humains, accusé de ne pas prendre en compte l’histoire et la civilisation africaines. Cependant, Fidèle Ingiyimbere SJ, Kanien 11/2 (2023) 75-105 76 le projet pose la question de la conciliation entre le corpus international des droits humains que doivent avaliser les États africains, et le régime continental des droits humains qui prétend découler des valeurs africaines. Cet article examine certains de ces défis en trois points principaux : le premier point explore la conception africaine de la personne humaine, qui est censée inspirer la compréhension africaine des droits humains, tandis que le deuxième point examine la doctrine africaine actuelle des droits humains, à la fois à l’époque précoloniale et dans les instruments contemporains des droits humains. Après avoir souligné certaines frictions entre la vision communautariste et l’objectif des droits humains internationaux, le dernier point suggère quelques moyens par lesquels les deux parties peuvent s’enrichir mutuellement.
Les larmes des opprimés. Oppression politique et corruption chez Qohéleth : Une analyse de Qoh 3,16-17 ; 4,1-3 ; 8,2-4
L’oppression et la corruption dans l’arène politique sont les seuls vices que Qohéleth analyse en détail dans son livre. Dans huit passages distincts (3,16-17; 4,1-3; 4,13-16; 5,7-8; 7,6-9; 8,1-8; 8,9–9,6; 9,13–10,20), il examine l’utilisation abusive et oppressive du pouvoir politique sur les pauvres, les impuissants et les sans-voix (4,1 ; 9,14). Analysés et comparés, ces passages offrent une vision cohérente sur l’autorité politique et la vie sous cette autorité et que cette étude voudrait présenter, mais sous l’angle de l’oppression et de la corruption. Elle affirme par conséquent que tout exercice du pouvoir politique qui ne respecte pas la dignité humaine n’est pas seulement une aberration, mais un mal oppressif (4,1-2 ; 8,9). Pour parvenir à une vie tranquille et épanouie et à une fin paisible, cette attitude d’oppression politique doit être remplacée par une attitude révérencieuse (8,11-13). En outre, ceux qui perpétuent des systèmes politiques oppressifs doivent tirer des leçons de l’ironie et des énigmes de la vie - rien ni aucune condition présente dans la vie n’est permanente (7,2 ; 10,6-8), car tout est heḇel (transcient, transitoire, temporaire). Enfin, cette étude voudrait par l’analyse de trois textes (Qoh 3,16-17; 4,1-3; 8,2-4) non seulement cerner la conception qohélethienne du pouvoir politique, mais surtout dégager l’attitude idoine à avoir aujourd’hui face à un pouvoir oppresseur, corrompu et corrupteur (8,2-5; 10,20).