Éditorial……………………………………………………………………………. 3
Études………………………………………………………………………………. 7
Paul BÉRÉ SJ,
Parole de Dieu et signes des temps……………………………………….. 7
Georges YOBOUÉ,
L’effervescence religieuse en Afrique à l’épreuve
des mutations socioculturelles et religieuses :
Défis pour un christianisme authentique………………………………… 29
Joseph Loïc MBEN SJ,
Femicide in Cameroon: When Society Fails Women………………. 51
Chroniques……………………………………………………………………….. 77
La tempête Fiducia supplicans…………………………………………….. 77
Synodalité et Église-famille de Dieu : continuité et ruptures……. 80
Recensions/Notes de lecture……………………………………………….. 84
Conrad Aurélien FOLIFACK (dir.),
Gestion et guérison de la maladie en Afrique, Actes du
XIVe colloque ICMA-ITCJ (Abidjan, 10-11 février 2022),
Abidjan, Presses de l’ITCJ, 2024, 97 pages……………………………. 84
DICASTÈRE POUR LES LAÏCS, LA FAMILLE ET LA VIE,
Itinéraires catéchuménaux pour la vie conjugale.
Orientations pastorales pour les Églises particulières,
Abidjan, Editions Paulines, 2022, 120 pages………………………….. 86
CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES
DE CÔTE D’IVOIRE,
L’éducation au service du développement humain intégral
en Côte d’Ivoire, Lettre Pastorale, s.l., Eveyop Editions,
2022, 136 pages…………………………………………………………………. 90
Conrad Aurélien FOLIFACK (dir.), Gestion et guérison de la maladie en Afrique, Actes du XIVème colloque ICMA-ITCJ (Abidjan, 10-11 février 2022), Abidjan, Presses de l’ITCJ, 2024, 97 pages. Cet ouvrage regroupe les conférences du XIVe colloque ICMAITCJ tenu dans les locaux de l’ITCJ les 10 et 11 février 2022. Ce colloque avait pour thème « Gestion et guérison de la maladie en Afrique ». L’introduction générale du Père Aurélien Folifack, sj, a rappelé le contexte général et ecclésial concernant la question de la santé. Il a évoqué les axes majeurs et les intervenants principaux du colloque. L’article du Père Adrien Essoh Gnamba a dégagé quelques fondements théologiques de la maladie. S’inspirant de Jean-Claude Larchet, Gnamba affirme que « parler d’une théologie de la maladie ou du malade, c’est proposer une réflexion sur ce que le christianisme peut apporter au malade dans l’intégralité de sa personne » (p. 13). C’est pour cela que le mystère du Christ est important pour éclairer la compréhension de la maladie. Dans cette perspective, « le chrétien en état de fragilité vit sa maladie comme participation à la mortrésurrection du Christ » (p. 18). L’article suivant d’Aurélien Vidékon Gbegnon propose une compréhension anthropologique de la maladie à partir de l’étude de quelques groupes ethniques d’Afrique de l’Ouest. Il en découle que pour les Africain-e-s, la maladie est une réalité physique, psychique, culturelle et cosmique (cf. p. 35). L’approche thérapeutique consiste à se tourner vers la médecine africaine et/ou vers la médecine moderne, ce qui entraine un pluralisme médical. Ici, on peut en dégager deux formes : temporelle (passer d’un système médical à un autre) et cumulative (exploiter de façon simultanée tous les registres de système médical) (pp. 35-36). De toute manière, il Recensions Notes de lecture 85 ressort que la maladie est une réalité complexe qui comporte plusieurs couches. Kokouvi Paul Zikpi, ofm, quant à lui, a réfléchi sur l’éthique de la santé publique en Afrique. D’entrée de jeu, il précise que « parler d’éthique de la santé publique en Afrique, c’est passer en revue le fondement des valeurs et principes qui guident la pratique des soins de santé des personnes et des communautés en Afrique » (p. 39). La vie humaine est la valeur essentielle en Afrique (p. 48).A côté de cela, la communauté ainsi que l’obligation d’interagir positivement avec celle-ci apparaissent comme des valeurs importantes. Zikpi suggère des orientations afin d’améliorer la santé publique en Afrique. Parmi celles-ci, la contextualisation des structures de formation et de soin médical est la plus importante (p. 49). Conrad Aurélien Folifack, sj, nous propose une réflexion sur la maladie et la prise en charge médicale dans la Bible…
Ce numéro de Kanien est marqué par l’introduction d’une nouvelle
rubrique appelée « Chroniques », qui se fera l’écho des faits d’Église
et sociaux marquants de l’heure qui ne sont pas toujours abordés dans
les articles. La rubrique « Chroniques » se veut fidèle à l’intuition
des initiateurs de la revue Kanien qui souhaitaient qu’elle soit
attentive aux événements sociaux et ecclésiaux. Pour ce numéro,
les Chroniques revisiteront la publication de Fiducia supplicans
ainsi que les réactions qui l’ont suivie, et le colloque ITCJ-ICMA
organisé en février 2024 par l’Institut de Théologie de la Compagnie
de Jésus et qui a exploré le thème de la synodalité en lien avec celui
de l’Église-famille de Dieu, paradigme-clé adopté par l’Église en
Afrique depuis le premier synode spécial pour l’Afrique en 1994.
En plus de cela, nous avons trois articles qui ne sont pas toujours
faciles à classer dans une branche précise. L’article de Paul Béré, sj,
sur « la Parole de Dieu et les signes des temps » peut tout aussi bien
être classé en Bible, en théologie fondamentale qu’en ecclésiologie.
Béré étudie les expressions « Parole de Dieu » et « signes des temps »
en les corrélant. Béré ne cherche pas à étudier la Parole de Dieu
du point de vue objectif, mais d’après une perspective subjective.
On découvre dans la réflexion que Dieu parle selon une modalité
propre à la nature de son interlocuteur et que les signes des temps
sont une modalité selon laquelle Dieu parle à l’humanité. En effet,
les événements deviennent le lieu où Dieu « parle » ou mieux fait
signe à l’humanité. Un aspect non négligeable consiste à clarifier
les critères permettant de discerner la Parole de Dieu au milieu du
foisonnement du monde.
L’article du Père Georges Yoboué, « l’effervescence religieuse en Afrique à l’épreuve des mutations socioculturelles et religieuses : Défis pour un christianisme authentique », est tout autant difficile à classer. On peut le mettre en missiologie, en ecclésiologie, en théologie pastorale, ou en sociologie religieuse. Toujours est-il que Yoboué pose un regard critique sur l’effervescence religieuse constatée en Afrique en se questionnant si cette croissance est nécessairement qualitative. Les Églises bondées et festives ne sont pas nécessairement pour l’auteur, le signe de la vitalité du christianisme africain. Le contraste entre la vie de foi et l’engagement social et ecclésial des baptisé-e-s en est la triste illustration. Face à cela, l’auteur semble suggérer comme voie d’issue une nouvelle approche qui prend en compte les mutations socioculturelles du continent africain. La nouvelle approche pastorale ferait la place belle à la Bible et insisterait sur la proximité et la personnalisation de l’annonce de l’Évangile….
RESUME DES DIFFERENTS ARTICLES DU NUMERO
Parole de Dieu et signes des temps
La présente étude examine deux expressions très usitées aussi bien en théologie qu’en pastorale. Elles semblent aller de soi alors qu’elles véhiculent un « impensé » qui sollicite des clarifications, d’une part, et, d’autre part, une articulation. L’intelligence commune de leur corrélation se résume en ceci que la Parole de Dieu « éclaire » les signes des temps. Qu’est-ce que la Parole de Dieu et que désigne l’expression signes des temps ? On montre ici qu’une compréhension de la Parole de Dieu sous sa modalité subjective, c’est-à-dire Dieu comme sujet parlant, ouvre sa communication à une pluralité de modalité en direction des humains. Dieu en effet ne parle pas selon une modalité propre à sa nature, mais à celle de son interlocuteur. Ainsi, les signes des temps en deviennent une. Une telle perspective permet de recueillir l’intuition conciliaire à partir de la maturation de notre compréhension de la nature et du rôle des Écritures Saintes.
L’effervescence religieuse en Afrique à l’épreuve des mutations socioculturelles et religieuses : Défis pour un christianisme authentique
Dans un contexte de mutation socioculturelle et de la pluralisation du croire en Afrique, la proposition de l’Évangile a-t-elle toutes ses chances? En effet, vu le panorama sur les dangers d’une sécularisation subtile en gestation sur le continent, l’on est amené à s’interroger sur l’enracinement profond de la foi des chrétiens africains. L’effervescence religieuse dont témoignent les assemblées festives et le nombre croissant des fidèles, est-elle synonyme de conversion réelle? Le constat est que cette société africaine en constante mutation, questionne l’authenticité du croire et révèle une dichotomie entre vie de foi et engagement socio-ecclésial des baptisés. Dans ce contexte, il faut reconnaitre que le mythe d’une Afrique incurablement religieuse s’effondre. C’est pourquoi il est urgent de tenter une nouvelle approche de l’annonce à l’épreuve de ces mutations; tout en restant à l’écoute des questions que ces mutations suscitent auprès des jeunes générations africaines. Car, leur foi superficielle exige que cette annonce soit plus intensive et soutenue.
Femicide in Cameroon: When Society Fails Women
Cet article aborde la réalité du féminicide au Cameroun. L’auteur y dénonce l’attitude complice et complaisante de la société camerounaise face aux tueries de femmes. Il utilise le cas de l’enseignante du secondaire, Diane Yangwo, comme exemple de la manière dont la société échoue à intervenir à la fois aux niveaux interpersonnel et structurel. Le gouvernement et les lois locales sont inefficaces dans la prévention des assassinats de femmes. Les auteurs de violences basées sur le genre subissent rarement la rigueur de la loi. L’Église dans son enseignement proclame la dignité de la personne humaine et la sacralité de sa vie. Cependant, la réalité du féminicide est à peine mentionnée dans ses documents. La solution se trouve pour l’auteur dans un changement de mentalité. Pour ce faire, il faut de la sensibilisation, la socialisation au féminin, et la narration créative de récits bibliques.
La tempête Fiducia supplicans
La déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) Fiducia supplicans, sur la signification pastorale de la bénédiction, publiée le 18 décembre 2023, à quelques jours de la Nativité du Seigneur, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Le paragraphe 31 qui évoque la bénédiction de couples en situation irrégulière, parmi lesquels les couples de personnes de même sexe, est à l’origine de la tempête médiatique et ecclésiale (source : vatican.va). Le paragraphe lui-même précise que de telles bénédictions ne devraient pas être confondues avec les bénédictions sacramentelles et ne devraient pas être ritualisées. Cette bénédiction, ajoute le même paragraphe, n’est pas destinée à légitimer le statut du couple, mais à permettre que ces relations puissent être enrichies, guéries et élevées par l’Esprit Saint. Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut remonter audelà du document, à l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia (2016). Dans ce document, le pape François soulignait la nécessité du discernement pastoral et de la miséricorde pour toutes les situations qui ne reflètent pas l’idéal évangélique (Amoris laetitia 6). Il indiquait que l’Église ne devrait pas négliger les éléments constructifs dans ces unions (Amoris Laetitia 292)...