Volume 5 (2017) – Numero 2​

Volume 5 (2017) – Numero 2​

mars 28, 2024 2024-03-29 21:47

RESUME DES DIFFERENTS ARTICLES DU NUMERO

Nigeria : Terreur sous couvert religieux

Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’awati wal-Jihad – plus connu sous l’appelation « Boko Haram » – a tué plus de 20 000 personnes au nord-est du Nigéria depuis 2009. Plus de deux millions de personnes ont dû quitter leurs maisons pour prendre la fuite. Boko Haram est souvent uniquement présenté comme un mouvement qui veut établir la sharia dans tout le Nigeria. Mais il y a différentes causes qui expliquent pourquoi ce mouvement reçoit toujours des adeptes. Au nombre de ces causes, on compte le sentiment d’être marginalisé et le manque de perspective. Bien que ces facteurs soient bien connus ni le gouvernement fédéral à Abuja, ni le gouvernement de l’Etat de Maiduguri – capitale de l’Etat du Bornou – ne se sont impliqués dans la création d’un environnement sécurisé offrant des opportunités de travail, ayant des infrastructures et des perspectives prometteuses pour la jeune génération dans le nord-est.

La relation entre le Coran et la Poésie – Antidote contre le fondamentalisme

L’article plaide en faveur de l’idée selon laquelle une interprétation fondamentaliste du Qurʾān (Coran) non seulement ne tient pas ne tient pas compte de l’historicité du texte, mais ne fait pas non plus cas de sa structure linguistique et littéraire. C’est ainsi que l’article montre que l’interprétation salafiste n’est pas simplement anti-intellectuelle ; elle est aussi caractérisée par une triple réduction – textuelle, épistémique et littéraire. L’article met en contraste l’interprétation salafiste avec l’approche médiévale du savant ašʿarite dénommé ʿAbd al-Qāhir al-Ǧurjānī. Cette dernière interprétation met en exergue la nécessité d’une analyse qui est au fait de la science littéraire et qui se rapporte à la poésie. Ainsi, le salafisme est perçu comme un traditionalisme anti-traditionel.

L’Afrique et l’Europe entre fractures et résiliences communautaires : Désamorcer le fondamentalisme religieux

Le présent article présente avec un ancrage contextuel lucide des tentatives africaines visant à résorber les fractures communautaires dues au fondamentalisme religieux. Il met en exergue les expériences du Sénégal, du Burkina Faso et du Maroc, laissant y percevoir des modèles sinon une inspiration pour l’Europe qui peine à trouver une approche adéquate de lutte contre le fondamentalisme religieux. Mettant l’accent sur la prévention, l’article ouvre en ce sens des pistes de réflexion pour favoriser les résiliences communautaires au fondamentalisme religieux, notamment la lutte contre la paupérisation des populations, perçue comme terreau favorable au fondamentalisme religieux, l’usage idéologique et hors contexte de concepts religieux clés comme source de manipulation religieuse, l’importance d’un leadership religieux et politique positif ainsi qu’une réflexion de fond sur les relations entre « le clos et l’ouvert », le profane et le religieux.

La xénophobie : un « anti-fondamentalisme » ? Réflexions sur les développements sociétaux en Europe

La montée de la xénophobie en Europe est considérée comme une « réaction compréhensible » face aux réfugiés et étrangers qu’on associe à des positions fondamentalistes. La xénophobie est liée à des discours définis : à une politique identitaire qui distingue strictement le « propre » de l’« étranger » ; à une nationalisation et culturalisation de la vie en société ; à une conception de l’« intégration » entraînant l’éviction de tout ce qui est étranger ; à une attitude d’irresponsivité (incapacité à répondre) qui n’est pas en mesure d’affronter de nouveaux défis ; à un paternalisme qui exotise « l’étranger » et à une logique d’ « idiotisation » (du grec idios : propre, particulier) ne tournant qu’autour d’elle-même, de ce qui lui est « propre ». Par opposition, la « catholicité » s’affirme en tant que position incluant l’ensemble de la vie et de la société et en tant que capacité à relever le défi de l’étranger. Cette attitude « catholique » est à considérer comme un contre-discours clair face aux positions fondamentalistes.

Des violences perpétrées au nom de Dieu à leurs conséquences dans les rapports sociétaux

Le présent texte brosse un panorama mondial des violences perpétrées au nom de Dieu. L’auteur, un imam, présente une vue large des conflits qui émaillent le monde et invite à les situer dans leurs différents contextes historiques. Il plaide ainsi pour un regard différencié sur les guerres dites religieuses dans le but d’en identifier les vrais mobiles, souvent d’ordre politique ou économiques. Il fustige les fondamentalismes et intégrismes de tout bord, souvent suscités par un rapport de piété inauthentique à la religion ou à l’endroit des guides religieux. Le panorama des violences brossées intègre les dynamiques (géo)politiques au niveau international, non sans prendre en compte l’influence des intérêts bassement économiques.

Perspective biblique sur le fondamentalisme religieux : « La lettre tue, l’esprit vivifie » (2 Co 3,6b)

Dans le présent article, l’auteur traite du fondamentalisme à partir de la dialectique lettre - esprit telle qu’exprimée par Paul dans 2 Co 3,6b : « la lettre tue, l’esprit vivifie ». Bien que sa perspective soit exégétique, l’auteur introduit dans la discussion une approche interdisciplinaire qui tient compte des interprétations théologique, philosophique, psychanalytique et anthropologique de cette dialectique. Cela lui permet d’évoquer des critiques libérationnistes et féministes, et de mettre en lumière le fondamentalisme comme schizophrénie ainsi que de présenter la complémentarité mort-vie du contexte africain comme une explication interculturelle de la dialectique lettre-esprit. Il en vient à voir dans l’herméneutique de la dérision ou de l’ironie l’antidote du fondamentalisme, thèse qu’il présente sous réserve de vérification dans d’autres religions que le christianisme

Fundamentalising « the Other » as Fundamentalist – Perspectives on Neo-Fundamentalism in Germany

Le présent article comprend le fondamentalisme comme un phénomène moderne et comme un produit des processus d’échanges culturels et d’interactions réciproques globales. Du mélange des facteurs culturels endogènes et exogènes surgit quelque chose de nouveau, même là où on fait appel à l’autorité d’un passé sacré. Deux exemples, un discours du politicien allemand populiste d’extrême droite, Björn Höcke et la perception publique des réfugiés et des migrants de l’Afrique du Nord en Allemagne, révèlent comment racistes, populistes et fondamentalistes-nativistes font renaître des stratégies intersectionelles et néocoloniales pour établir un ordre dichotomique et hiérarchique entre un « nous » et « les autres ». Par un appel à accéder de manière interdisciplinaire aux phénomènes fondamentalistes mondiaux, Jahnel plaide pour une déconceptualisation critique des notions et concepts qui catégorisent « les autres » comme des étrangers dangereux et parfois fondamentalistes. L’article s’achève par des réflexions théologiques qui orientent vers l’alternative de l’orthopathie guidée par une épistémologie « de l’autre ».

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