
Éditorial……………………………………………………………………………. 3
Études………………………………………………………………………………. 5
Conrad A. FOLIFACK SJ,
Le leadership jésuite…………………………………………………………… 5
Joseph Loïc MBEN SJ,
La réalité de l’État démoniaque……………………………………………. 35
Jacob ONYUMBE WENYI,
Ngalufar et Réhoboam à Sichem : Dialogue entre une comédie
congolaise et un récit biblique……………………………………………… 59
Chroniques……………………………………………………………………….. 83
Controverses sur la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques
d’été Paris 2024………………………………………………………………….. 83
La deuxième session du Synode sur la synodalité…………………… 86
Recensions/Notes de lecture……………………………………………….. 89
Clarisse ADOU et al.,
Attitudes et comportements de paix, Mouvement Porteurs de Paix
et d’Espoir, Abidjan, Presses de l’ITCJ, 2023, 99 pages……………. 89
Enzo BIEMMI et al. (dir.),
Une Église se lève. Figures d’Avenir, Théologies pratiques, Bruxelles–
Paris–Montréal, Éditions jésuites–Novalis, 2024, 269 pages………… 90
Rodrigue M. NAORTANGAR SJ,
Tchad : Au coeur du « conflit nord-sud », une lecture
anthropologique de la guerre civile de 1979-1980, Abidjan, Presses
de l’ITCJ, 2024, 253 pages…………………………………………………… 94
FRANÇOIS—XVI ASSEMBLÉE ORDINAIRE DU SYNODE
DES ÉVÊQUES,
Pour une Église synodale : communion, participation, mission,
Document final, s.l., s.e., 24 novembre 2024……………………………. 97
MADAME MAMBÉ née BEUGRÉ DJEDI MARTHE IRMA,
Joseph l’esclave du Dieu vivant, Abidjan, Éditions du Cerap,
2024, 92 pages…………………………………………………………………… 100
Tables générales de Kanien : Articles (ordre alphabétique)……… 105
Tables générales de Kanien : Auteurs (ordre alphabétique)……… 113
Clarisse ADOU et al., Attitudes et comportements de paix, Mouvement Porteurs de Paix et d’Espoir, Abidjan, Presses de l’ITCJ, 2023, 99 pages. Cet ouvrage est le produit du Mouvement Porteurs de Paix et d’Espoir fondé en 2019 et aujourd’hui coordonné par le Père
François d’Assise Allegbe, sj. L’ouvrage s’inscrit dans les efforts de consolidation de la paix en vogue en Côte d’Ivoire depuis de nombreuses années (p. 9). L’ouvrage est structuré par deux fils conducteurs. Tout d’abord, il y a le fait que la paix est un comportement
et, ensuite, il y a l’appel à être en harmonie avec soi, les autres, Dieu et la création (p. 14). Ces deux appels sont mis en évidence à travers une dynamique en trois parties (accueillir, se projeter et persévérer) dans lesquelles on retrouve treize appels. Dans la présentation de chaque appel, il y a un petit paragraphe adressé au lecteur/la lectrice en mode exhortatif, un commentaire, le lien entre l’appel et la paix, et, finalement, un témoignage personnel. Le chapitre I intitulé « Accueillir » présente huit appels : s’accueillir comme un être créé, accueillir le Créateur dans les événements, accueillir les autres comme compagnons (défendre les absents et donner le meilleur de soi), traiter les autres comme on voudrait être traité, savoir écouter, trouver la troisième voie, et prendre soin de la maison commune. Le bref paragraphe qui introduit le chapitre précise que la vie est accueil et que le refus de l’accueil est le refus de la vie (p. 17). Le second chapitre intitulé « se projeter » comporte trois appels : se fixer des objectifs, agir immédiatement, accepter la souffrance. Le second appel ne comporte pas de témoignage. Le troisième chapitre 90 intitulé « Persévérer » comporte deux appels : tenir bon dans les difficultés et faire le point chaque jour. Le premier appel offre deux témoignages, tandis que le second présente simplement une méthode de relecture de la journée.
L’ouvrage est un guide pratique qui veut conduire le lectorat à l’adoption de comportements et à l’engagement en faveur de la paix (p. 94). Les témoignages recueillis viennent de personnes au background assez varié et qui sont aussi bien des hommes que des femmes. Le contenu part des exemples pratiques de la vie et est bâti comme une forme d’exhortation qui en appelle au bon sens du lecteur/de la lectrice, comme l’indique l’usage constant de la première et la deuxième personnes du singulier.
L’ouvrage concerne d’abord des attitudes à adopter au niveau individuel. La conviction est qu’en transformant les personnes, les sociétés changeront. La construction d’une culture de la paix passe nécessairement par l’émergence de citoyen-ne-s pétri-e-s de paix. L’ouvrage est à recommander pour les personnes responsables de groupes.
La gouvernance est au coeur de ce numéro de Kanien, que ce soit sous la forme d’une réflexion sur le leadership, ou d’une critique des formes problématiques d’État. L’article d’Aurélien Folifack sur le leadership analyse les éléments caractéristiques du leadership jésuite sur la base des documents importants de la Compagnie de Jésus, tels que les Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola, les Constitutions et les récentes Congrégations générales de cet ordre religieux. Il contraste ces caractéristiques avec les théories modernes de leadership. Ce qui est sûr, c’est que ce type de gouvernement spirituel peut inspirer la vie jésuite africaine et la société africaine en général. Jacob Onyumbe Wenyi, dans son article intitulé « Ngafular et Rehoboam à Sichem : Dialogue entre une comédie congolaise et un récit biblique », contraste le leadership de Ngafular, un personnage de fiction, avec la figure biblique du roi Rehoboam (1R 12). Le pasteur Ngafular, personnage de Mondimi, une série comique congolaise, démontre des qualités d’un bon leadership face à l’adversité. A l’inverse, Rehoboam, fils et successeur du roi Salomon, par son incapacité à faire preuve de sagesse, va causer le schisme entre le nord et le sud d’Israël. Il s’agit pour Onyumbe Wenyi, au travers de cet exercice, de dégager des modèles de leadership qui pourront inspirer les institutions de la République Démocratique du Congo (RDC). L’article de Joseph Loïc Mben s’intitule « la réalité de l’État démoniaque ». Cette réflexion pose un regard sur des formes problématiques de l’exercice du pouvoir d’État. L’auteur utilise le livre de l’Apocalypse pour dégager des formes et caractéristiques de l’État satanique. Ensuite, il indique les attitudes que doivent avoir les croyant-e-s face à cet État problématique. Dans un continent comme l’Afrique, qui est à la fois en transition et le théâtre de crises diverses, la question du leadership se pose avec acuité. Si les courants souverainistes qui sont très populaires dans les opinions africaines posent la question du leadership en termes de rapport aux autres, les articles de ce numéro ont une perspective plus endogène, qui ne s’oppose pas nécessairement à la première. Le leadership demeure important, car il peut tirer la communauté vers le haut, mais aussi être source de sa désintégration. Le leader n’est pas une monade, mais une personne qui dirige d’autres personnes, sinon, comme dit l’adage, il devient un gardien de cimetière (cf. Amadou Hampâté Bâ). Dans cette réflexion sur les modèles de leadership, l’Ecriture nous offre d’importantes ressources qui nous permettent une critique sans concession des modèles existants. Le premier livre des rois et l’Apocalypse nous présentent des contre-modèles et nous mettent en garde contre la tentation de canoniser tout pouvoir. Les trois réflexions nous rappellent les limites du pouvoir humain et l’attention à avoir dans l’exercice du pouvoir…
RESUME DES DIFFERENTS ARTICLES DU NUMERO
Le leadership jésuite
Qu’est-ce qui fait le succès des jésuites ? Le leadership exceptionnel et original des jésuites fait partie des éléments qui au fil des siècles ont fait leur succès. A une époque où dans une Église synodale, on parle de plus en plus de la révision des modes de gouvernement et d’être Église, cette recherche revêt une importance particulière. Elle vise à mettre en lumière dans les documents de la Compagnie de Jésus (Les Exercices Spirituels, les Constitutions et Normes complémentaires, et les décrets des Congrégations générales) les caractéristiques de ce leadership et ce qui fait son originalité. Partant de la définition du leadership selon les théories du management, l’auteur décrit tour à tour les qualités d’un leader jésuite, la nature, les instruments et enfin la particularité et les limites du leadership jésuite. Le leadership jésuite en Afrique doit surmonter de nombreux défis pour que les jésuites puissent avoir l’impact escompté et amorcer une véritable transformation de nos sociétés. Ce mode de leadership peut devenir une lumière pour éclairer le leadership dans la vie sociale et politique sur notre continent.
Ngalufar et Réhoboam à Sichem : Dialogue entre une comédie congolaise et un récit biblique
Considérant l’ubiquité de la crise de leadership dans les institutions de la République Démocratique du Congo (RDC), cet article utilise l’exégèse contextuelle tripolaire africaine et s’appuie sur les théories de leadership pour établir un dialogue entre un texte biblique et une comédie contemporaine, deux sources qui stigmatisent les crises de leadership respectivement dans l’Israël antique et dans l’actuelle RDC. L’auteur se penche sur le récit de la désintégration du royaume d’Israël autour de 932 av. J.-C., sous le règne de Réhoboam (1R 12) et sur la série comique télévisée, Mondimi (2003) du groupe théâtral Les Princes du Rire de Kinshasa. En contrastant le personnage de Ngalufar dans Mondimi au personnage de Réhoboam dans 1R 12, ce dialogue permet de dégager un modèle de leadership pouvant redresser les institutions politiques, sociales et religieuses de la RDC.
La réalité de l'Etat démoniaque
L’État démoniaque est un rappel que l’État n’a pas forcément une origine divine. L’État démoniaque s’entend comme un État maléfique et pervers. Dans les chapitres 13 et 17, le livre de l’Apocalypse le présente sous la forme de deux bêtes et d’une prostituée qui se manifestent par leurs agissements contraires à la volonté de Dieu. L’étude de ces chapitres permet de dégager les caractéristiques de l’État démoniaque, à savoir, l’idolâtrie, la violence, et l’immoralité. Trois types d’État sont utilisés comme illustration de l’État démoniaque : l’État en faillite, l’État criminel et l’État prédateur. Face à cela, les chrétien-ne-s sont invité-e-s à la résistance.
Chroniques : Controverses sur la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’été Paris 2024 || La deuxième session du Synode sur la synodalité
La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques (à partir d’ici J.O.) est généralement un moment très festif et qui s’efface dans la mémoire collective au bout de quelques jours. Cette année a été différente pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les organisateurs des J.O. de Paris 2024 ont choisi de faire la cérémonie sur un cours d’eau, la Seine, plutôt que dans le cadre d’un stade comme lors des précédentes éditions. Ensuite, certains aspects de la cérémonie sont restés mémorables pour plusieurs raisons. La première est qu’une pluie battante s’est abattue sur la capitale française au moment crucial. Les organisateurs français avaient anticipé cela et construit une tribune pour le président français et ses hôtes de marque, tandis que pour les autres – dont quelques présidents africains et leurs épouses – on avait prévu des imperméables pour qu’ils se protègent de la pluie. Les autres spectateurs dépendaient des parapluies et des imperméables qu’ils avaient apportés. Si la cérémonie a été belle dans l’ensemble, certains éléments ont provoqué de violentes polémiques. La scène qui a provoqué le plus de polémiques est la mise en scène supposée de la dernière cène du Christ durant la cérémonie. Il y a en réalité deux scènes. Dans la première scène assez brève qui intervient vers la moitié de la cérémonie, on voit une forte femme vêtue d’une robe bleue avec sur la tête quelque chose qui ressemble à une auréole et sur la gauche et sur la droite, une douzaine de personnes, hommes et femmes vêtus distinctement et se tenant le long d’une table (source : YouTube)...