Volume 6 (2018) – Numero 1​

Volume 6 (2018) – Numero 1​

mars 28, 2024 2024-03-29 22:14

RESUME DES DIFFERENTS ARTICLES DU NUMERO

Entre obéissance anticipée et révolte. Actualité de Frantz Fanon dans le contexte des relations économiques entre l´Afrique et l´Europe.

Dans le présent article, l’auteur traite d’une cause endogène du fondamentalisme, à savoir l’obéissance anticipée des chefs d’Etat et de gouvernement africains. Il s’agit d’une intériorisation de la domination de l’Afrique dont l’effet consiste à agir comme - sinon pire que - les anciennes puissances coloniales contre son propre peuple. L’auteur soutient qu’il s’agit là d’un terrain fertile à tous genre de fondamentalismes et de terrorismes dont le djihadisme islamiste violent n’est qu’une forme. Le recours à Frantz Fanon permet de mettre en lumière cette interprétation et de rappeler le projet des indépendances initié par les Pères fondateurs mais trahi par bon nombre de leurs successeurs à la tête de pays africains, notamment à travers les accords de partenariat économique en défaveur des Africains.

La traversée du désert, chemin de dialogue entre l’Afrique et l’Europe

La présente communication plaide en faveur d’un nouvel humanisme et d’une nouvelle éthique de la rencontre dans les relations Afrique-Europe. Elle part de la métaphore de la traversée du désert dont les migrants subsahariens à destination de l’Europe font l’expérience : la traversée du désert met le migrant à l’épreuve du temps et de l’espace de sorte que sans persévérance l’objectif ne peut être atteint ; elle confronte aussi au manque de repère, d’enracinement pourtant nécessaires pour s’humaniser. L’Afrique et l’Europe ne peuvent traverser ensemble le désert de la mondialisation et du fondamentalisme que si, avec persévérance, elles construisent dans le concret de leurs cultures un humanisme intégral au-delà de leurs propres réalités, par le dialogue interculturel qui vise un ordre social plus juste et un vivre-ensemble plus harmonieux, et par l’édification d’une intelligence collective de la religion à même de freiner les fondamentalismes qui prospèrent à la faveur de la mondialisation.

La formation du sens historique comme critère de différenciation des courants islamiques contemporains

La présente communication se présente comme une aide à la compréhension du concept d’histoire sous-jacente aux discours « islamiques », concept qui est à la source de leur légitimation. Elle éclaire surtout le rapport épistémique des mouvements « islamiques » à la communauté musulmane primitive. Ce rapport est présenté non sans en montrer l’évolution historique. Il en ressort que ce rapport est un fruit de la rencontre entre la tradition musulmane et le concept d’histoire véhiculé par le Siècle des Lumières ; ce rapport est un fruit de la globalisation de la pensée.

Rapport général Rodrigue M. Naortangar, SJ CERAP et ITCJ – Abidjan

La conférence internationale sur le thème « Mondialisation et fondamentalisme religieux : un défi pour les relations entre l’Afrique et l’Europe » qui s’est tenue au sein du Campus de l’Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ) du 23 au 24 février 2017 avait pour objectif de s’interroger sur les interactions entre le fondamentalisme religieux d’une part et les relations entre l’Europe et l’Afrique d’autre part. Se voulant interdisciplinaire et interculturelle afin d’offrir un espace de dialogue ouvert répondant à la complexité de la problématique du fondamentalisme religieux dans un monde globalisé, elle a adopté la progression suivante : après une mise en contexte et une analyse du fondamentalisme religieux dans le contexte de la mondialisation, les problèmes et les défis que pose le fondamentalisme religieux dans les relations Europe-Afrique devaient être identifiés et traités selon les perspectives de l’exégèse, de l’histoire coranique, des rapports économiques entre l’Europe et l’Afrique, de la philosophie, de la théologie et des sciences religieuses. Pour clore le tout, des analyses concrètes de problèmes de sociétés devaient ouvrir des pistes de solutions à même de relever les défis susmentionnés. La transversalité des regards interculturels devait aider à ouvrir des perspectives nouvelles sur les relations entre l’Europe et l’Afrique. C’est également cette progression que le présent rapport final des travaux s’efforce de suivre. Il y ajoute un écho des échanges qui ont eu lieu en plénière sous forme de questions-débats ou de podium de discussion. Il s’achève par les recommandations faites par les participants.

« Pourquoi ? » Des facteurs du terrorisme à caractère religieux comme phénomène sociopolitique moderne

La couverture médiatique du phénomène terroriste au niveau mondial ne renvoie qu’une image impondérée et déformée des rapports présidant à l’émergence de tout terrorisme. La présente communication envisage d’examiner les causes et les facteurs du phénomène sociopolitique qu’est le terrorisme et prend en ligne de mire l’aspect de la motivation religieuse des actions terroristes. Après avoir traité du concept et de la définition du terme « terrorisme », elle replace ce phénomène dans son contexte social de manière à en identifier de possibles causes et facteurs. Par la suite, une focalisation sur la composante religieuse du phénomène terroriste est complétée par une perspective historique. Finalement, la communication recourt à l’ambivalence des religions et des traditions pour identifier ce qui lie la religion au terrorisme. Ce lien n’est pas perçu comme nécessaire, mais contingent et simplement plausible.

European fundamentalism ? The theopolitics of Friedrich August von Hayek and Alain de Benoist

La présente communication examine la pensée de deux figures intellectuelles dont le travail est au centre des idéologies qui peuvent être considérées comme des formes européenes de fondamentalisme : l’économiste autrichien Friedrich August von Hayek, le père fondateur et le plus important théoréticien du néolibéralisme ainsi que le philosophe français Alain de Benoist, intellectuel clé de la « nouvelle droite » européenne. L’auteur déconstruit la matrice théologique cachée qui est au coeur de ces idéologies. Il en fait ressortir la relevance pour la configuration des relations présentes et futures entre l’Afrique et l’Europe tout en analysant ce qui les rend fondamentalistes : il montre ainsi comment les deux idéologies prétendent interpréter la totalité de la réalité en faisant usage de la logique binaire « soit… soit », comment tous deux se réfèrent à une sorte d’être divin, et comment ils s’immunisent contre la critique. L’analyse suggère que le terrain commun aussi bien des formes religieuses que des formes politiques du fondamentalisme ne se retrouvent pas tant dans la référence à une « vérité » spécifique mais dans la volonté elle-même d’avoir des distinctions claires et fortes.

Religion Traditionnelle Africaine et fondamentalisme : Contribution au débat sur la religion et la violence

Le présent exposé examine la propension de la Religion Traditionnelle Africaine (RTA) à se lier au fondamentalisme et à l’extrémisme. Elle remonte aux racines pharaoniques de la RTA, notamment au mythe d’Isis et d’Osiris, pour montrer qu’en ses origines, la RTA n’est pas fondamentaliste. Aujourd’hui encore, l’ouverture religieuse est observée, notamment dans la coexistence de différentes religions dans une même entité sociale. Les traces d’un extrémisme violent sont rares au profit d’un « extrémisme en religion », c’est-à-dire de l’excroissance d’une religion au-delà de ses limites pour des raisons circonstanciées. La rencontre avec l’Occident, avec la tradition judéo-chrétienne, avec l’islam et les enjeux hégémoniques qui accompagnent de telles rencontres ne sont pas sans impacts négatifs sur les sociétés africaines qui tendent à se couper de leurs sources anthropologiques favorables à la diversité religieuse.

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