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SOMMAIRE
RECENSIONS
EDITORIAL
SOMMAIRE
Editorial …………………………………………………………………………………………….. 2
Etudes. ……………………………………………………………………………………………….5
Alexandre NGANDU LONJI SJ, Joseph, quelques aspectsde sa vie en Gn 37–50.. 5
Matthew BOMKI LAGHAI SJ,Indissolubility of Marriage……………………………….. 31
Chris U. MANUS & Nico T. MAKHALEMELE,The ‘Unnamed’ Woman Accused of Adultery…………………………………………………………………………………………….. 47
Joseph Loïc MBEN SJ, Ebauche d’une théologie surle célibat non-consacré……….. 69
Alain MUTELA KONGO, La théologie et l’anthropologie de la parole……………….. 93
François-Xavier AKONO SJ, Autodétermination, capacités, capabilités et fondation éthique du devenir libre………………………………………………………………………… 113
RECENSIONS
Agbonkhianmeghe E. OROBATOR SJ, The Pope and the Pandemic. Lessons in Leadership in Time of Crisis, Maryknoll, NY, Orbis Books, 2021, 154 pages…………..51
Achille MBEMBE, Brutalisme, Paris, La Découverte,2020, 246 pages……………….. 15
Erwan CHAUTY, Qui aura sa vie comme butin ?
Échos narratifs et révélation dans la lecture des oracles personnels de Jérémie, BZAW 519, Berlin _ Boston,De Gruyter, 2020, 404 Pages……………………………………… 158
J. Loïc MBEN (dir.), L’engagement sociopolitique de l’Église Famille de Dieu qui est en Afrique. Actes du 12ème colloque ICMA-ITCJ. Abidjan, 14-15 février 2019, Abidjan, Presses de l’ITCJ, 2020, 140 pages…………………………………………………………. 159
EDITORIAL
Les relations interpersonnelles et leurs avatars : tel pourrait être le fil conducteur des contributions de ce numéro double de Kanien. Les contributions nous viennent des sciences bibliques, de l’anthropologie théologique, de la morale sexuelle et familiale et de la philosophie. Elles offrent une perspective, propre au domaine et à chaque auteur, sur un aspect des relations interpersonnelles.
Les trois premières contributions nous viennent de la Bible. La première est une réflexion sur le personnage du patriarche Joseph qui est la figure centrale de Gn 37—50. Alexandre Ngandu Lonji nous présente diverses facettes du personnage et une chose ressort : Joseph est une personne ouverte sur l’autre, Dieu d’abord, et ensuite le prochain. Son rapport à Dieu, ses qualités et son rapport aux autres (famille, Pharaon, étrangers) sont des traits qui sont passés au peigne fin dans l’article. Les deux contributions suivantes étudient la question du mariage dans deux évangiles : Matthieu et Jean. Matthew Bomki Laghai discute la question de l’indissolubilité du mariage à travers une lecture exégétique de Mt 5,31-32. Son propos est centré sur le sens à donner au terme porneia (adultère ou unions illicites), ce qui permettrait de décider si oui ou non, le Jésus matthéen autorise le divorce et à quelles conditions. Sans prétention à l’originalité, Bomki Laghai a le mérite de permettre au lecteur de s’informer sur les positions récentes des biblistes sur la question. Le second article, produit par un duo d’auteurs, Chris Ukachukwu Manus et Nico Tebatso Makhalemele, tente une relecture de la péricope johannique sur la femme adultère (Jn 8,1-11) à partir d’une perspective africaine. Si la question du caractère johannique ou non de Jn 8,1-11 semble préoccuper les auteurs, la question de la réception du texte et de sa lecture en contexte africain fournit en quelque sorte la toile de fond. Le souci est d’arriver à questionner, partant de l’attitude du Christ dans la péricope, le comportement partial des sociétés africaines vis-à-vis des femmes. La contribution qui suit, celle de Joseph Loïc Mben, tente d’ébaucher une théologie du célibat non-consacré à partir des figures féminines du Nouveau Testament. Il s’agit de répondre au phénomène urbain croissant des célibataires de fait qui ne trouve pas toujours un écho dans la pastorale familiale des communautés chrétiennes. L’article dégage des caractéristiques qui permettent de structurer cette théologie tant au niveau théorique que pastoral.Vient ensuite l’article d’Alain Mutela Kongo qui explore la théologie et l’anthropologie de la parole chez le théologien congolais Oscar Bimwenyi Kweshi. Il se focalise sur la Parole divine, son caractère performatif et en dégage les caractéristiques essentielles. On peut citer la dimension créatrice et prophétique. Finalement, François-Xavier Akono met en dialogue les philosophes Fabien Eboussi Boulaga, Paul Ricoeur et Martha Nussbaum à travers les notions d’autodétermination, de capacités et de capabilités…
RESUME DES DIFFERENTS ARTICLES DU NUMERO
Joseph, quelques aspects de sa vie en Gn 37–50
Personnage majeur en Gn 37-50, Joseph s’est distingué par la crainte de Dieu devant ses frères à qui il n’a rien fait de mal après son ascension au pouvoir. Doté d’intelligence et de sagesse, il les a utilisées pour le bien en général, comme sa suggestion de bien gérer les produits agricoles pendant la période d’abondance en vue de la famine, pour la réconciliation avec ses frères. Par sa sagesse, il a adéquatement interprété les rêves du Pharaon. Pour son propre bien et celui des autres, il a été intègre dans les relations avec autrui, en ne cédant pas au harcèlement sexuel de la femme de Putiphar, en étant transparent dans la gestion des biens confiés et magnanime à l’égard de ses frères qui ont eu des relations conflictuelles avec lui. Dans ses rapports avec ses responsables hiérarchiques, il s’est distingué par la loyauté et par le dévouement sans faille à accomplir les missions reçues jusqu’au bout. Attentif à la souffrance des autres et surtout aux démunis, il a soulagé ceux qu’il pouvait selon les moyens dont il disposait.
The ‘Unnamed’ Woman Accused of Adultery in John 8 :1-11 – A Johannine or a Later Christology ? : A Re-reading with the African Eyes
D’un point de vue canonique, Jn 8,1-11 est transmis dans le quatrième Evangile. D’un point de vue scientifique, les experts soutiennent consensuellement l’opinion selon laquelle le récit n’est pas johannique ni dans son contexte, ni dans son style littéraire. Nous entreprenons d’examiner cette assertion. La méthodologie que nous adoptons est l’étude synchronique du destinataire. Nous l’adoptons dans le but de nous focaliser sur les conditions sociales, religieuses, politiques et économiques du contexte africain à l’intérieur duquel ce récit est réinterprété. L’histoire textuelle du texte est discutée. La quadruple structure du texte est soulignée. L’expérience de l’inégalité des opportunités que les femmes font dans l’économie africaine et les injustices sociales persistantes qu’elles subissent dressent le contexte d’interprétation qui ouvre la voie à notre relecture du récit. Notre exégèse se fait à partir de la posture synchronique des destinataires. Elle révèle que le texte ne manifeste pas les techniques de compositions johanniques habituelles, mais une forme pensée (thought-form) des théologiens chrétiens tardifs.
Autodétermination, capacités, capabilités et fondation éthique du devenir libre. Une réflexion sur Fabien Eboussi Boulaga, Paul Ricoeur et Martha Nussbaum
Le but de cet article est de proposer une étude de Fabien Eboussi Boulaga prolongée par Paul Ricoeur, et Martha Nussbaum. L’espace dialogique est mis en route par leurs notions respectives (autodétermination, capacités, capabilités) en vue d’aboutir à une éthique de l’autodétermination. Cette notion est mise en difficulté au regard des réalités de la précarité vécue dans les zones périphériques où des citoyens et citoyennes d’en bas sont confrontés à la vie mauvaise (Adorno, Butler).
Indissolubility of Marriage : An Exegetical Reading of Matt 5 :31-32 cum its Theological and Pastoral Implications
Est-ce que le « divorce » est permis par Jésus en Mt 5,31-32 ? De prime abord, une personne non-avertie dirait « oui », mais une lecture exégétique de la péricope démontre que Jésus n’a jamais toléré en quelque manière le divorce. Si cela est le cas, alors faut-il continuer à traduire πορνεία par « adultère » ainsi qu’on peut le lire dans de nombreuses versions de la bible ? Sur la base des récentes découvertes bibliques et d’une analyse exégétique de Mt 5,31-32, l’auteur estime que la traduction la plus plausible de πορνεία aujourd’hui est « union illégitime ». Dans le cas d’un mariage incestueux comme c’était parfois le cas chez les non-Juifs (Actes 15,20), le « divorce » est « possible » parce que le « mariage » proprement dit n’a jamais existé. Ainsi donc pour l’auteur, l’indissolubilité du mariage est depuis les origines le plan de Dieu pour l’humanité (Gn 2,24 ; Mc 10,8).
Ebauche d’une théologie sur le célibat non-consacré
De nombreuses chrétiennes de nos jours sont célibataires dans les grandes villes africaines. Cependant, on constate que l’Eglise dans son approche théologique et pastorale ne prend pas toute la mesure de ce phénomène. Le présent article essaie de se pencher sur cette question en tentant de construire une théologie du célibat non-consacré en se basant sur une exploitation des intuitions bibliques contenues dans le Nouveau Testament. Il s’agit, à travers l’exemple de Jésus et de certaines figures féminines, de dégager certaines caractéristiques pouvant structurer une telle théologie au niveau théorique et au niveau pastoral.
La théologie et l’anthropologie de la Parole chez Oscar Bimwenyi Kweshi
Le présent article se veut une mise au point nécessaire à la clarification des caractéristiques dont est investie la Parole divine et humaine, et ce, à partir d’un promontoire africain. L’auteur s’inspire des traditions culturelles et religieuses africaines et, pour consolider son argumentaire, il s’appuie particulièrement sur les écrits du théologien congolais Oscar Bimwenyi Kweshi. L’idée maîtresse, que l’auteur offre aux lecteurs et lectrices, peut être résumée comme suit : « le réel est d’essence verbique, c’est-à-dire que c’est moyennant la Parole divine (ou le Verbe), proférée par le Surgisseur dans la nuit des temps, que tout ce qui existe a été constitué ». Par ailleurs, renchérit l’auteur, exister signifie être en train de répondre à l’appel lancé par l’Appelant, c’est-à-dire Dieu. En effet, la Parole de ce Dieu, selon Oscar Bimwenyi Kweshi, revêt cinq caractéristiques, qui constituent le socle de la théologie et l’anthropologie de la Parole. La Parole est : 1) créatrice, 2) partie intégrante de tout ce qu’elle a créé, 3) promotrice de l’éthique, 4) prophétique, surtout quand elle intervient pour décanter certaines situations de blocage auxquelles sont confrontés les hommes, 5) appelatrice et rappelatrice, en ce sens qu’elle intervient pour mettre fin à l’existence subsolaire de tout homme.